Cécile BABIOLE 

Loops of the loom 2024
Ensemble de pièces tissées sonores dont la grille du tissage est interprétée comme une partition musicale
Cadre en bois, câble audio, lecteurs audio, amplificateurs, haut-parleurs
Vues de l'exposition personnelle Loops of the Loom, Musée des Tapisseries à Aix-en-Provence dans le cadre de la Biennale d'Aix-en-Provence, 11/10/2024 > 19/01/2025
Crédit photos Luce Moreau
 

Loops of the Loom est une exposition de Cécile Babiole présentant un nouveau corpus d'œuvres développé pendant une résidence à LABgamerz, à Aix-en-provence, en 2023-2024. Via une recherche à la fois anthropologique et technologique sur le tissage, l’artiste propose une réflexion et une expérience contemporaine autour des pratiques à la base de la collection historique de tapisseries dans l’ancien Palais de l’Archevêché.

En réalité, Loops of the Loom fait confluer plusieurs axes de recherche et démarches que Cécile Babiole explore depuis des années : les interactions entre genre et technique, technique et art, art plastique et art sonore, son et langage, entre langage et genre… Dans une boucle qui l’amène à travailler autour du tissage dans ses possibilités de traduction orale et sonore, dans son lien à l’histoire de l'algorithme, dans ses connotations sociales et notamment genrées.

 
 
 

Le tissage est une des premières technologies humaines inventées vraisemblablement par des femmes dès le néolithique ; elle requiert des capacités scientifiques (arithmétique, géométrie, algorithmique) et peut être considérée comme le lointain ancêtre de l’informatique en passant par l’étape du métier Jacquard qui est la mécanisation astucieuse d’un processus bien antérieur. À partir de ces héritages et ces connexions, Babiole a commencé un travail d’exploration du tissage qui l’a amenée à croiser plusieurs champs disciplinaires et à expérimenter dans plusieurs directions.

Avec la première série de tissages sonores qui donne le titre à l’exposition, Loops of the Loom, elle s’inspire des tissages issus des sociétés matriarcales ancestrales ainsi que de ceux présents dans les mémoires vives magnétiques des ordinateurs des années 1955 à 1975. Ainsi, à l’aide d’un métier conçu pour ce projet, elle tisse des fils électriques capables de transmettre des signaux audio et de traduire les motifs en partitions sonores.

 
 
 
 
Sergé pressé
 
 
Sergé Ninja
 
 
Sergé roucoulé
         
 
Sergé chuchoté
 
 
Sergé vocalisé
 
 
Pied-de-pie
         
 
Sergé essoufflé
 
 
Satin à 5 temps
 
 
Sergé valsé
         
 

Loops of the loom peut être littéralement traduit par « boucles de métier à tisser » (le mot boucle est à entendre au sens informatique du terme). Il s’agit d’un projet d’œuvres multiples tissées à partir de fils électriques, ces câbles sont capables de transmettre des signaux audio, si bien que ces tissages sont aussi des pièces sonores. Le projet s’appuie sur le fait que le tissage est par essence algorithmique puisque tout tissu est formé de fils qui s’entrecroisent selon un « pattern » récurrent que l’on désigne par le terme technique d’armure. L’armure des différentes pièces de Loops of the loom ainsi que la couleur des fils de trame et de chaîne qui forment des motifs sont interprétés par l'artiste comme la partition de séquences rythmiques, dont chaque point (croisement d’un fil de chaîne et d’un fil de trame) forme une unité temporelle de base, comme le pas d’un séquenceur. La suite spatiale des motifs visuels devient l’enchaînement temporel des motifs sonores. Les séquences rythmiques sont entièrement réalisées à partir d'échantillons de la voix de l'artiste.
Ce projet place la figure de la grille au centre du travail. Son inspiration se réfère autant aux tissages issus des sociétés matriarcales préhistoriques qu’à ceux présents dans les mémoires vives magnétiques tissées incorporant des tores de ferrite des ordinateurs des années 1955 à 1975.

 
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